Les œuvres de l'artiste
Godwin HOFFMANN artiste plasticien allemand 1975-2013.
Godwin Hoffmann travaille avec des règles strictes de composition : rigueur donc, qui n’exclut pas, avec les traces de brosse et les coulures, les marques du geste pictural.
Sa démarche artistique rigoureuse s’apparente davantage à des « formes » sur toile ou papier, au fusain, animées de larges bandes verticales colorées, et jouant sur les résonances chromatiques. Le support devient, au fur et à mesure de son parcours artistique, une composante importante du tableau. « Ma peinture devient un objet en relief, un volume et l’espace qui l’entoure une composante de celle-ci ».
« Dans les derniers temps, le public a souvent comparé mes « dessins au fusain » avec des dessins de sculpteur. De fait, mon travail pictural m’a conduit à abandonner le tableau (dans le sens du panneau peint) pour le décomposer, le fractionner et en dégager une tridimensionnalité concrète. Malgré cette démarche artistique de sculpteur, j’ai continué de croire que mon travail est de la peinture et que les couleurs ont un rôle dominant à jouer.
Il existait toujours des indications du procès pictural, particulièrement visible au bord du tableau, où la peinture s’arrête et où commence la réalité environnante.
Le dessin comme affrontement direct de la réalité et de la nature m’ayant toujours été facile, j’ai, par méfiance pour cette facilité, tenu à m’imposer une difficulté, une résistance.
C’est ainsi que pour mes travaux actuels, j’utilise un matériau archaïque, le fusain, sous forme de carré de mine sur la feuille ; le champ d’intervention graphique est clairement défini et limité : la composition et la largeur des bande programmées, les lignes de construction restent visibles, les erreurs éventuelles n’étant ni éliminées ni corrigées. J’attache beaucoup d’importance aux traces de la naissance du dessin. L’œuvre n’est pas seulement un produit fini et définitif mais montre au spectateur sa conception et sa genèse.
Après l’étape préparatoire se déroule le « sertissage » en fusain, terme qui me semble justifié bien qu’il désigne la pose de la couleur sur des objets. Le fusain est appliqué en couche meuble sur les surfaces et les bandes puis frotté avec les doigts pour pénétrer intimement le papier. Cette tâche doit être effectuée à main nue et demande un engagement du corps. L’humidité et la chaleur du bout des doigts contribuent au résultat obtenu : un noir très épais qui semble absorber toute la lumière, un noir qui prétend à l’absolu.
Malgré la précision de la préparation (qui inclut des esquisses miniatures), le processus de dessin ne suit pas une organisation systématique, l’œuvre avançant peu à peu vers un ensemble et conservant les traces de l’application du matériau et de son façonnement. Une foule de petits gestes demeure perceptible et la poussière de fusain produite lors du travail est conservée par le fixatif sur le papier. De même, pour les surfaces nettement délimitées sur le côté, les traces d’essuyage laissent sensibles le recours au carton et à la règle utilisés pour les découpes. Essuyer et frotter le matériau, c’est l’acte essentiel qui donne la forme. Une immédiateté naît et persiste entre le support, le matériau et moi-même, rapport direct empêché jusqu’alors par les outils : pinceau, crayon, etc.
Singulièrement, mon évolution artistique a été déterminée par la distance et l’abstraction. Comme les réflexions que je fais sur mon œuvre sont toujours de nature très abstraite et formulées en un langage impersonnel, ce changement en faveur de l’immédiateté me surprend moi-même. D’une part, le spirituel persiste ; ma recherche de vérité et de connaissance, héritée sans doute de mon éducation, motive mon œuvre ; il y a aussi, d’autre part, la recherche de l’élémentaire, de l’origine et peut-être également de la nature, de la sensualité et du toucher. Cette forme de travail est une exigence totale ».