Size | 76x56cm |
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Format | Midsized |
fraiming | unframed artwork |
Technique | Monotype |
Monotype original de Germain Roesz “Abstraction 2”
ROESZ
1200,00€
Monotype original de Germain Roesz
76x56cm, série abstraction
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Monotype original de Germain Roesz
76x56cm
La couleur souveraine
J’ai en commun avec Germain Roesz une blessure, une sorte de meurtrissure ardente de la lumière. Une avalanche muette à l’œuvre dans le jardin du ciel a éclipsé notre regard au moment d’ouvrir les yeux pour l’inverser dans l’englouti. Une sorte de roucoulement du temps. Du langage. Comme si nous avions perdu d’avance, gaspillé, fracturé notre accès à la réalité à la première sortie des eaux. Oui, comme si l’éblouissement nous avait brûlé à vie et que toute notre volonté serait consacrée à des retrouvailles pour donner sens et forme à cette tragédie du manque et de l’abandon. De la brûlure et de l’embrasement.
Depuis nous gouvernons tant bien que mal des contradictions qui, en nous tiraillant entre l’amour exigeant et l’ascèse, nous oblige à créer des liens, mais entre quoi et quoi ? à inventer des outils de cathédrale et de grottes ornées de signes plus vieux que le monde, des compas de silence et des règles d’or, des nombres qui se déchainent à échancrer les angles du réel.
Chez moi coule un sang d’encre ourlé de fenêtres et de prairies humaines, chez lui, de la couleur à briser la surface lisse des étangs, à mordre sa propre faim, à se défaire de soi, de toute immobilité refusant le regard, une couleur aussi fine que les ailes des papillons sur la vitre, le rose de notre peau à travers la porcelaine des tasses, le filigrane sur la pelure des timbres, une couleur de traversée, d’occlusion du ciel, de chuchotement avant la clameur. Est-il possible que la blessure d’un texte rejoigne et fraternise avec la blessure de la lumière de Germain Roesz ?
Finalement, notre zone d’empathie, les mots, les mots du poème ou les mots de la peinture, dans ses toiles, se décolorent, se fondent aux pigments avant de rejaillir des rêves plein les yeux comme si leur vie fœtale sous la toile leur avait rendu l’énergie de parler avec la couleur, d’inventer des phrases entre la ligne et la courbe, des sortes de Noces avec l’aube et le crépuscule, entre l’alpha et l’oméga, la révélation et le secret, mais seulement dans la profusion de l’instant où tout étincelle, scintille et culmine avant de disparaître.
Le pinceau de Germain Roesz déroule et laisse en suspens de longs mouvements de phrases tellement inviolables qu’on est incliné vers leur mystère et qu’on se réjouit de se laisser traverser par quelque chose qu’on aurait pu ne pas voir et ne pas entendre, oui, entendre, car ses bâches une fois accrochées dans l’espace chantent, respirent aussi, comme respirent les arbres et le silence dans les petites abbayes romanes, et quelque chose d’aussi fragile et subtil qu’un soupir de la lumière se manifeste dans cet espace derrière les yeux ou quelque chose comme de l’âme voudrait qu’on la baptise autrement qu’avec des cierges et des prêtres, de l’encens et des prières. Car c’est un autre corps qu’il s’agit de réveiller ici, le corps caché, et la couleur à elle seule doit devenir cette prière.
De la douleur profonde de consentement impossible et de pensée entière s’est retirée en nous jusqu’à son point d’incandescence. Nous voudrions qu’elle reste dans cette nuit qui la mange jusqu’au sang. La peur de l’homme est ce pollen qui laisse entre les doigts des traces de désir. Nous sommes appelés, dans la peinture de Germain Roesz, à relier tout ce qui est cloisonné en nous au franchissement.
On se souvient alors d’une lumière avant le regard, bien avant les eaux fœtales et la conjonction des sécrétions qui ont fait de notre œuf, une mémoire. Il nous manque le mot, le geste capable de tenir entre leurs mains ce tremblement coloré de l’infini. Les ténèbres n’existent pas dans le néant. Leur convulsion, leur reptation engendrent une accélération du visible en son point de rupture avec les formes. C’est le Retour Amont dont parle René Char, une possibilité d’inventer, de fracturer le réel pour ouvrir un passage.
Toutes ces toiles entrebâillent, suspendent, ouvrent donc des portes vers ce que nous avons oublié et que nous reconnaissons pourtant, en agitation dans le trou noir de notre existence : l’avant soi comme une foudre s’étant jeté sur la chair pour nous engendrer. Puis nous dissoudre à nouveau dans le grand souffle.
Ce retour aux sources immatérielles ne parle pas de Dieu mais de l’ordre du mouvement dans la lumière originelle.
Echo pris en tenailles
Des voix longent le mur sous l’encre ombragée de ce buisson en fleurs : ma main. Du sommeil invente une nappe pour les corps qui refusent la nudité, entravés seulement de légendes sur la mort. Autour de l’air, du ciel invente une solitude infinie aussi précise et pointue qu’un couteau planté dans le dos d’un arbre. Qui creuse la nuit en objet d’amour voit apparaître son propre visage, lacéré d’étoiles et de gouffres. C’est donc cela mourir : une illusion sans issue. Un trou dans la durée fera de nous une rumeur à peine audible. Les monuments funéraires sont les excréments de notre peur et n’accouchent plus de souvenirs mais de poussière er de ruines. À force d’enlaidir ce qui nous tient en vie, les horloges oublient de nous dire le soleil et de tatouer le temps d’effondrements salvateurs. Rien ne nous consolera de cette disparition dans les racines de l’arbre. À part le fruit des bourgeons. Tant qu’un promeneur passera par là pour les voir.
Artworks by the same artist
ROESZ
1949 born in Colmar France.
1970-75 Studies of Art at the University of Strasbourg.
Since 1984 Professeur d’art at the University of Strasbourg.
Several exhibitions all over France and Germany and several European countries.
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