Les œuvres de l'artiste
Pierre Muckensturm cherche le symbole, la matière et la lumière dans le noir et la quiétude; or Il aime le noir, mais plutôt comme un scientifique. « C’est un travail de fond : la recherche d’une non-couleur » ou d’une matière. On peut rapprocher son œuvre de la peinture minimaliste (ou art minimal) courant de l’art contemporain, apparu au début des années 1960 aux États-Unis, en réaction au lyrisme pictural de l’expressionnisme abstrait et en opposition à la tendance figurative et ironique du pop art.
Le minimalisme est l’héritier du modernisme, et plus particulièrement du Bauhaus. Il fait sienne la maxime d’un des grands représentants du Bauhaus, Ludwig Mies van der Rohe : « less is more », l’amélioration d’une œuvre se faisant selon les minimalistes par soustraction.
Voici ce que Pierre Muckensturm dit de sa peinture « La toile n’est plus un support. Je travaille ce qu’elle subit ». La toile devient peinture, finalement, et le noir permet de sonder son apparente quiétude. La couleur ne l’intéresse donc pas. Ni la forme : « La croix, c’est un point de rencontre. C’est là que ça se passe ». La croix et le noir questionnent « la massivité ou non ». Question d’apesanteur, « d’acceptation du déséquilibre ». Pas une forme, même si elle doit sans doute sa symétrie et sa géométrie implacable à une culture alsacienne assez rigoureuse et bien ordonnée.
Le noir est plus fort, unique, comme une évidence
lorsque son ami le peintre Vieux Niang l’emmena découvrir le Sénégal, Pierre découvrit la courbe : « L’Afrique, c’est tellement souple et cool que ça m’a empêché de tracer des lignes droites. Le rapport au temps est complètement différent ».
Une perception différente qui lui inspire une série de triptyques « zen et simples » où seule une trace longiligne et évidemment noire se dilate et s’enlace comme un trombone que l’on déforme. Le regard s’y glisse, happé par le mouvement, à la conquête de l’unité et la linéarité du symbole. La mémoire du temps qui passe. Après la non-couleur, la non-durée. En résidence à Dakar, l’artiste escomptait pourtant se mettre à la couleur
« Mais… » Le noir est plus fort, unique, comme une évidence.
Revenu en Alsace, il est revenu à la croix. Mais sensibilisé à une chose qui rendait les objets encore plus beaux au Sénégal : la lumière. Celle qui permet de déceler les infimes trous et déchirures de la grande croix noire. Non, décidément, pour la couleur, il n’est pas « resté assez longtemps en Afrique ». Aussitôt rattrapé par le temps dilaté et les courbes que l’on déroule au lieu des angles que l’on plaque, il ajoute : « Il faut vraiment que j’y retourne… » article des DNA-Nicolas Pinot