Les œuvres de l'artiste
Comment situer l’œuvre de Pierre-Marc de Biasi ? Sans doute pas du côté de la lettre cubiste. Du côté du pictogramme alors ? Dans son univers, des supports de format divers (rectangle, ellipse, tondo) sont recouverts d’une couche de ciment fin, sur laquelle on peut voir (lire ?) des signes et des formes (tracés gravés ?) Ces signes, qui s’alignent selon un semblant de logique scripturale, sont pourtant peu nombreux et redondants. Dans chaque « caisse » de ces tablettes on trouve de petits cercles saillants, des cercles plus grands en creux, des rectangles plus ou moins larges, des triangles déclinés à l’endroit ou à l’envers. Est-ce un abécédaire pour une pseudo-écriture ou une langue secrète, difficilement lisible ? Ou encore, s’agirait-il d’un langage elliptique, d’un jeu élaboré dont le sens reste équivoque ? Quoi qu’il en soit, cette difficulté, voire cette impossibilité, d’attribuer une signification explicite à l’œuvre de Pierre-Marc n’a rien d’étonnant …
On espère néanmoins un court moment pouvoir déchiffrer ce code inconnu grâce à cette pierre de Rosette de l’artiste, le tondo de taille spectaculaire, en quelque sorte la matrice de toute cette œuvre. Ce format inhabituel qui semble appartenir aux cultures lointaines, à une sorte d’archéologie de l’imaginaire, va-t-il livrer les clés de l’énigme ? Mais rien n’y fait, le sens nous échappera toujours, probablement car l’artiste transgresse les codes d’un système institué et produit une parole singulière qui ne désigne pas mais qui suggère.
En est il autrement avec les empreintes de sceaux, inscrites dans un ciment, que réalise de Biasi dans l’intimité de son atelier ? Ici, l’écriture et l’image se confondent. Parfois organiques, parfois géométriques, entourés de plusieurs « cadres », aux contours continus ou en pointillé, ce sont des pictogrammes inventés par l’artiste.
Itzhak Goldberg
Extrait du texte pour l’exposition « Archives de pierre »
Pierre-Marc de Biasi vit et travaille à Paris.
Le parcours de Pierre Marc De Biasi est celui d’un passionné qui n’a pas voulu choisir entre l’art et la recherche. Parallèlement à ses cursus en Lettres et en Philosophie à l’ENS, il suit une formation supérieure en sculpture et architecture (ENSBA, Paris, 1973-1977) et passe, en 1977, l’agrégation des arts plastiques. Directeur de recherche à l’Institut des Textes et Manuscrits modernes, il publie une trentaine d’ouvrages et trois cents articles sur Flaubert, la génétique des textes, la théorie littéraire, le papier, l’histoire de l’érotisme, l’architecture, le cinéma, les arts plastiques…
De Biasi travaille sur le signe, les écritures, le corps, le désir, les rituels, l’archaïque, le monument, la trace et la transmission. Ses travaux ont été présentés, en musées et en galeries, autant en France qu’à l’étranger. Il a réalisé sept programmes pour la commande publique (Grenoble, Paris, Niort, Marne-la-Vallée, Tunis).
En 2017 l’artiste s’empare de la technique de l’aquagravure pour realiser une suite intitulée « empire de signe » et « écriture des confins » .