Les œuvres de l'artiste
Corneille Guillaume Van Beverloo naît à Liège de parents néerlandais. Il suit les cours à l’Académie des Beaux Arts d’Amsterdam de 1940 à 1943 où il rencontre Appel. L’enseignement qui y est dispensé est académique, si bien que, comme le rappelle Corneille lui-même, “Van Gogh était tabou et Matisse considéré comme un décorateur”; il cherchera dès que possible à travailler libre de tous modèles imposés.
Sa première exposition individuelle en 1946, à Groningue, le montre déjà sensible aux aplats de Dufy, Matisse et Modigliani, puis il expose au Stedelijk Museum d’Amsterdam en 1947 et, en même temps qu’Appel, à la Gildehuys d’Amsterdam. Grâce à l’heureuse rencontre d’une dame hongroise, il se rend à Budapest, débutant ainsi sa destinée de nomade. Si le surnom de “géologue ailé” que lui donna Christian Dotremont était une image poétique, la vocation internationale de Corneille, comme celle de ses amis, était aussi une claire réaction au nationalisme des années hitlériennes. Cette première étape à Budapest, où l’attire l’entrelacs graphique et éperdu des ruines et des herbes, est fondamentale pour l’approfondissement de sa poétique de libre recherche. Dans la librairie d’ Imre Pan, frère du surréaliste Arpad Mezei, il lit les poètes français, de Rimbaud aux surréalistes, et découvre la peinture de Miro et de Klee. Celui-ci semble parler plus que tout autre à l’âme du jeune Corneille. Les conquêtes que Klee accomplira sur le plan de la couleur, lors de son voyage à Tunis, nous rappellent celles de Corneille quand il se rendra à son tour en Tunisie en 1948 et en 1949. A Budapest, Corneille rencontre aussi le peintre français Jacques Doucet qui lui dévoilera le monde suffocant et triste des graffitis de prison.
De retour à Amsterdam, Corneille fonde avec Appel et Constant le Groupe Expérimental Hollandais. Il cosigne le manifeste COBRA et participe à plusieurs numéros de la revue homonyme. En 1949, Corneille et Dotremont réalisent ensemble une grande série expérimentale intitulée Expériences automatiques de définitions des couleurs.
L’année suivante, Dotremont publie dans la Bibliothèque Cobra, la monographie consacrée à l’artiste. Corneille s’installe ensuite à Paris, où sa sensibilité semble mieux s’épanouir, et expose chez Colette Allendy connue grâce à Doucet.
En 1951, Corneille et Aldo Van Eyck voyagent dans le désert du Hoggar où un homme remet un papier sur lequel sont tracés quelques mots écrits en tifinar (écriture géométrique des Phéniciens, déjà utilisée 9 000 ans avant Jésus-Christ) et qui le porte à travailler sur l’écriture picturale élémentaire. Dans ces nouveaux courants de pensées, l’influence de Jorn se manifeste en particulier par ses réflexions sur la valeur universelle de ce langage. Au retour de cet important voyage, Corneille expose à Amsterdam avec un catalogue préfacé par Hugo Claus. En 1954, il se rend à Albisola, chez Mazzolli, et réalise avec Jorn des céramiques. En 1956, il voyage en Afrique centrale, se rapprochant davantage de cet univers de mythes et de signes qui le fascine, tandis que dans ses peintures les êtres humains et les arbres, les rochers et les fleuves prennent une vigueur tellurique et archétype nouvelle.
Une première rétrospective lui est consacrée au Palais des Beaux Arts de Bruxelles, au Stedelijk Museum d’Amsterdam et au Stedelijk Museum de Schiedam. Il se rend l’année suivante en Amérique du Sud, aux Antilles et aux Etats-Unis. En 1962, une exposition personnelle lui est consacrée à la Lefebre Gallery à New York, tandis qu’il a son propre pavillon à la Biennale de Venise. Il peint une série de gouaches pendant cinq étés successifs à Cadaquès et entreprend un voyage au Brésil. En 1964, il expose à la Documenta de Kassel.
Des expositions personnelles et de groupe se succèdent en Europe et dans le monde entier ; Guillaume Corneille est représenté dans les musées hollandais et les galeries les plus prestigieuses.
en 2002,une rétrospective en son honneur lui a été consacrée, « 50 ans d’Estampe », présentée à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Strasbourg, à l’Espace de Nesles à Paris et au Museum Jan Van der Togt en Hollande.
Il est décédé le 5 septembre 2010.