Les œuvres de l'artiste
Guillaume Allemand – Variation autour de l’os
Guillaume ALLEMAND est issu d’une famille d’artistes ; il fait d’abord huit ans de conservatoire de musique et une formation de Modern Jazz. Il devient ensuite ornithologue par passion pour la nature, puis s’adonne à une pratique professionnelle de la photographie, avant de devenir plasticien. Aujourd’hui, toutes ces expériences nourrissent et tissent la trame et l’évolution de son œuvre.
Depuis des années, Guillaume Allemand travaille l’os animal. Ses tableaux en volume, sur lesquels se déroulent et s’emboîtent des myriades d’éléments blancs en relief, peuvent évoquer de la céramique, des bois précieux longuement travaillés, des livres rangés, une mer de glace, des stalactites, des fragments de continents perdus vus d’avion….
Ses derniers monochromes blancs, où les sillons entre des fragments d’os et les reliefs accrochent la lumière, accentuent cette ambiguïté, cette impression de territoires vierges à explorer.
Il existe un fossé entre les représentations que l’on peut avoir de l’os qui peut renvoyer à la mort et l’hymne à la vie exalté par Guillaume Allemand. Sa démarche n’a rien de morbide. Au contraire, il aime dire qu’en utilisant des os, « il redonne naissance à l’animal en lui rendant hommage ». La cohérence entre le parcours de cet homme et le choix d’un matériau s’inscrit dans une logique qui permet de comprendre son cheminement.
Guillaume Allemand est un homme passionné, ce que ne laisse pas non plus paraître son apparence discrète, sa réserve, sa méticulosité. Mais on comprend vite qu’il va jusqu’au bout de ce qu’il entreprend. Huit ans de conservatoire de musique, une formation au Modern Jazz, une pratique professionnelle de la photographie, sept autres années passées à observer les oiseaux sauvages…toutes ces vies nourrissent l’artiste et tissent la trame de son œuvre dont l’évolution est à l’aune de ce qu’il dit et ressent : cet oiseau rare est rarement là où on l’attend et il a le don de tout remettre en question au moment précis où tout semble tracé.
Tout commence par un os à moelle récupéré pour…faire un bijou. S’ensuit une période de tableaux dans lesquels Guillaume Allemand incruste des silhouettes animales en os et en bois. L’artiste quitte très vite la tendance et la tentation de la décoration pour cheminer sur la voie d’une recherche formelle, spirituelle et philosophique. « Je ne cherche pas à adapter mon travail au goût du public » précise t-il. On l’avait compris. Il se laisse aussi le temps d’approfondir en opérant des suites qui lui permettent d’expérimenter l’organisation de l’espace et la lumière. Il rythme ses enchaînements en les scandant par une intense musicalité grâce à l’élaboration d’une scénographie pour chaque pièce. L’œil du photographe, l’oreille du musicien, la main de l’artisan travaillent de concert. Il peaufine sa technique à la manière d’un scientifique ou d’un violoniste qui caresse le violon de son archet. En apprenant le solfège, Guillaume Allemand a intériorisé la rigueur, la patience, le goût de l’effort. Mais une sensualité subtile se dévoile à qui sait s’abandonner à la contemplation pour être en résonance avec l’artiste : Guillaume Allemand, c’est dans son tempérament, n’est pas pressé. Mais lorsqu’il a le sentiment d’avoir « fini », il passe à autre chose, continue à blanchir sa portée pour « dire tout avec rien ». Resserrant son expression, il a abandonné les bois précieux qu’il travaillait à un moment donné, toujours pour rester en accord avec son éthique et éviter le piège de la facilité. Il se recentre dans un corps à corps très physique avec ces os qu’il retaille, scie, ponce, colle… après les avoir achetés en gros à une entreprise…qui les vend pour la lutherie en remplacement de l’ivoire interdit. Guillaume Allemand dont l’un des rêves était de devenir luthier, a « bouclé la boucle ». Artiste, il joue sa propre partition en solo et ne s’interdit aucune variation.