Les œuvres de l'artiste
Né à Nîmes en 1939, André-Pierre Arnal travaille à Paris. Imprégné de culture méditerranéenne, baigné dans les paysages bas-Ianguedociens et cévenols, il tire de sa double formation, littéraire et plastique, une activité duelle unissant peinture et une écriture vécue et transmise par le biais de l’enseignement du français durant plus de trente ans. Servi par cette double pratique, par le goût de l’expérimentation aventureuse des divers aspects de la production picturale, il a su concentrer son attention et sa recherche sur son propre cheminement intérieur.
Après un rapide passage aux Beaux-arts de Montpellier, il poursuit dans les années 1960 une recherche solitaire, marquée par la découverte de Matisse, des abstraits américains et surtout de Paul Klee. A partir d’une exploration de la technique du « monotype », son goût immodéré pour les objets d’art populaire l’amène à s’en inspirer et il fera de la « cocotte en papier » le point de départ d’une série de pliages sur toile qui, dans les années 1970, l’inscrira naturellement, tout comme son rapport au langage, dans la problématique du groupe Supports/Surfaces, dont il va partager l’aventure. Il prend position contre une conception individualiste de l’artiste. L’accent est mis sur la déstructuration du support traditionnel de l’œuvre dont les différentes composantes – le cadre, le châssis, la toile et la couleur – sont considérées dans leur individualité.
Depuis, André-Pierre Amal n’a cessé de rebondir, explorant une infinie variété de supports – de la toile de coton à l’ardoise d’écolier – et de techniques : monotypes, empreintes, fripages, froissages, pliages, teintures sur réserve, ficelages, frottages, pochoirs, arrachements, collages, déchirures obliques. Travailleur méthodique, aimant la dynamique de l’expérimentation comme l’ancrage réel dans les matériaux sensuels, avec une prédilection de plus en plus marquée pour la couleur, il réinvente la notion de série, par la démultiplication à l’infini de son travail de peintre.
Depuis quelques années, la production de l’artiste s’est orientée vers un cloisonnement de la toile peinte, en même temps qu’il utilise, récupérées et accumulées depuis longtemps, des cartes routières entoilées, pliables ou déployées, faisant appel à plusieurs techniques intégrées. Ce « dessus des cartes » donne lieu à des résultats plus complexes que ceux des premières séries d’un travail qui couvre aujourd’hui plus de quatre décennies.
L’activité d’écrivain d’André-Pierre Arnal a également trouvé, avec sa peinture, un terrain de rencontre dans la production de près de deux cents « livres uniques » et « Ieporellos », qui associent textes poétiques calligraphiés et compositions abstraites faites d’arrachements, de déchirures et de collages au chromatisme intense, réunissant ainsi les deux pôles de ce qu’il nomme « sa nourriture essentielle », peinture et écriture réconciliées. Cette double pratique le fait solliciter par d’autres artistes, ou d’autres écrivains, pour l’illustration de leurs ouvrages ou le commentaire poétique de leur production plastique. Son travail figure dans les principales collections suivantes: centre Georges-Pompidou, Fnac, Cnac, Paris, musée d’Art moderne de la ville de Paris, musées de Montpellier, Martigues, Nice, musée d’Art contemporain de Montréal, des Beaux-Arts de Québec, Fondation Albright Knox, Buffalo, Frac Centre, Frac Languedoc-Roussillon, Angoulême (rideau de scène, 1994), Théâtre d’O (rideau de scène, 2004), artothèques Antonin-Artaud, Marseille, Miramas, Montpellier, bibliothèque la Méjane d’Aix-en-Provence, médiathèque centrale Emile Zola de Montpellier, ville de Narbonne, etc.