Alexis Gorodine
Exposition du 3 juin au 24 juin 2023 à la galerie l’Estampe.
C‘est un incroyable bestiaire tout en fantaisie, douceur et sensibilité que nous propose Alexis Gorodine.
Salamandre, rongeur, licorne, griffon, hippocampe apparaissent sur la toile comme venus d‘un autre temps, pour y laisser leurs empreintes et leurs facéties.
Entre paysage, flore et faune, l’œuvre de l’artiste nous apparaît comme une fresque du monde qui nous entoure.
L’Estampe présente une trentaine de peintures sur toile et sur bois dont une série de paravents, ainsi que des gravures et s’associe à la galerie Pyramide, qui exposera également des peintures de l’artiste.
« Bonjour Monsieur Gorodine » semblent dire ces bêtes visiblement ravies d’avoir posé pour le peintre !
On sait combien celui-ci aime les animaux, les plantes, la nature. La nature plutôt que la campagne. Gorodine s’attache à ce qui subsiste en nous de primitif. Il y voit pureté et sagesse et en touillant avec de l’humour, cela donne ces animaux facétieux ou élégants, légers, chamarrés, drôles.
Bestiaire sorti de la pénombre du vestiaire, effigies d’un Eden que l’on croyait perdu : il le convoque sur la toile, non pour faire un tableau mais pour lui donner vie.
« Nous sommes restés des animaux, restez donc des hommes » insistent ces bêtes qui ont l’innocence pour carapace. L’animal ne sait être méchant.
Au pire il joue, maladroitement. Il ne fait que ce que de besoin. Imaginez un lion qui s’habillerait en singe ou en léopard : ce serait ridicule, n’est-ce pas ! C’est pourtant ce que fait l’homme.
O homme dominateur et cupide, être de paraître !
Heureux ce temps où l’homme et l’animal apprenaient ensemble.
Heureux ce temps où, géniaux tagueurs de cathédrales souterraines, les hommes célébraient l’animal et faisaient bonne mine avec Mère Nature.
«Il y a du rupestre dans ces animaux que fait apparaître Gorodine avec des couleurs et des matières frustes, simples, porteuses de mystère et de mémoire. Gorodine reprend l’antique flambeau et nous invite à l’heureuse parade. Ah si tout cela pouvait nous mettre la puce à l’oreille… La vie nous échappe, et cependant, on jurerait que nous échappons à la vie ! »
Charles d’Estève